C'est l'année mythique des quadra et quinquas qui en ont connu l'ascencion médiatique, peu chère au départ puis prohibitive. Oh, depuis les bordelais ont fait mieux depuis, mais, le mythe est
resté.
C'est en goutant et acclamant 1982 envers et contre beaucoup que Robert Parker a assis sa réputation, mis au parfum par Michel Rolland, qu'il a rencontré à cette occasion. M
Rolland, à cette occasion, a compris que cette année très riche devait être reproduite autant que possible chaque année, même en "mauvaise année". Il fallait donc mettre en oeuvre toutes les
techniques possibles pour transcender le millésime et donner du 1982 à chaque fois. LE PIN a été fabuleux, mythique. Une fois la qualité de 1982 reconnue (les bouteilles s'étant arrachées après
avoir été boudées au départ), tous les propriétaires bordelais pourtant très sceptiques au départ ont voulu engager celui qui avait miraculeusement si bien vendu grace à des notes mirobolantes.
C'est le début du grand succès de Michel Rolland en tant que premier flying winemaker. Les dégustateurs débutants sont peu attirés par certaines saveurs comme l'amertume, la minéralité trop en
avant et donc la coexistance de cette année chaude et de l'ouverture des marchés émergents comme les USA ont été une bonne coincidence. Mais, les vins faits par Michel Rolland ne sont pas que ça,
et reflètent eux aussi un terroir, même s'il y a une patte.
Tout le monde a t'il réussi à produire un grand vin sans l'aide de M Rolland, comme le permettait naturellement l'année? C'est le premier challenge.
Le deuxième est celui du vieillissement de ce type d'année, que les traditionnels à Bordeaux estimaient très courte. Et ils se sont lourdement trompés, très probablement en le sachant mais ne
voulaient pas faire les efforts financiers nécessaires à une viticulture irréprochable et un élevage luxueux.
Pour juger si cette année est aussi fameuse que sa réputation veut le laisser entendre, rien de mieux que d'en goûter. Mieux, il est préférable de goûter de bons vins laissant de
côté ceux qui sont habituellement exceptionnels, de toute façon intouchables. Ne dit on pas que tout est bon, même dans les propriétés modestes quand l'année est grande?
Rassurez vous, je n'ai pas prévu de petits Bordeaux, mais des bourgeois de bonne réputation ou des classés. Un par grande appellation en respectant une proportion rive droite et une autre rive
gauche: Saint Emilon et Pomerol, Margaux, Saint Estèphe et Pauillac.
Ca n'est pas facile à trouver cinq 1982. J'ai pu obtenir pour nous:
- Chateau Tour de Pez, Saint Estèphe: 30 hectares en production, dont le terroir présente deux facettes, d'une part des graves
girondines, d'autre part un sous sol argilocalcaire. Ces deux sol sont complémentaires amenant respectivement finesse et puissance. Pourtant le vin est plat, très court ne dégageant quasiment
rien.
copyright vivre le vin
- Chateau d'Issan, 3ème cru classé de Margaux: contient 67% de cabernet sauvignon et le reste en merlot sur 30
hectares. L'âge moyen est de 20 ans.Très parfumé, de style bourgogne, très charmeur mais manquant de longueur.
- Chateau Haut Milon, Pauillac: tout petit cru (à l'echelle des propriétés du Médoc s'entend: 12 hectares) situé entre Lafite et
Mouton, contenant 60% de CS, 35% de petit verdot, 5% de petit verdot, produit sur un terroir de graves garonnaises. Il est le porte drapeau de la cave coopérative, mais à l'époque était géré par
la famille Breuil. Ce cru n'existe plus, intégré en 2009 dans Pedesclaux, cru classé: ça coute plus cher des vignes de classé que de
Bourgeois.
Et au vu de la dégustation (aveugle), il a fait une bonne affaire, car ce vin est une merveille de finesse, longueur avec du bois précieux, des parfums d'une grande élégance, de façon quasi
unanime.
- Clos des jacobins, Grand cru classé de Saint Emilion: produit sur 8.5 hectares situés en bas de côte avec 75% de merlot, 23% de
cabernet franc et 2% de cebernet sauvignon, il était en deshérance jusque dans les années 2000.C'est très mauvais, étriqué, d'une longueur très très faible et sans aucun intérêt.
- Chateau la Croix du casse, Pomerol: 8.76 hectares de vignes de merlot (70%) et CS (30%) situées sur des graves et sables
anciens.Une vedette de l'époque, qui n'a pas autant progressé du fait du décès de son propriétaire JM Arcaute. Et Michel Rolland a participé depuis le début à l'élaboration des vins des
propriétés de ce regretté propriétaire, cad 1985. Vieillira, vieillira pas?Creux, avec des gros défauts. Sucré, bois neuf, creux gigantesques en milieu de bouche.
(copyright pomerol.com)
En conclusion, une grande année ne parvient généralement à remplacer une viticulture de qualité. Il faut vraiment choisir sa propriété et beaucoup de viticulteurs à cette époque
n'ont pas bien travaillé, année mythique ou non. Si on regarde les cinq propriétés, seule une semble encore en avoir sous le pied pour l'avenir, une peut peut être aller un peu plus loin sans que
cela apporte, et les autres sont morts.
Voici une petite idée des prix actuellement pratiqués.
Robert Parker réalise une dégustation des 1982 pour fêter ses 30 ans avec tous les grands ici
12000 dollars le siège, maxi deux par personne!!
La liste est là:
Ausone
Beychevelle
Branaire-Ducru
Calon-Segur
Canon
Certan de May
Cheval Blanc
Cos d'Estournel
Ducru-Beaucaillou
Figeac
Grand-Puy-Lacoste
Gruaud Larose
L'Evangile
La Lagune
La Mission Haut-Brion
Lafite*
Lafleur
Latour
Le Gay
Leoville-Barton
Leoville-Las Cases
Leoville-Poyferre
Margaux
Mouton Rothschild
Pichon-Lalande