Le système bourguignon de classement des vins est un peu compliqué. Il comporte certains raffinements que seuls les passionnés connaissent.
Certains premiers crus méritent un classement dans la catégorie supérieure, soit parce qu'ils ont été oubliés initialement, soit parce que les propriétaires ne voulaient pas ce changement
craignant l'imposition et les difficultés de transmission qui découlent de l'augmentation de la valeur. ce sont les syndicats de village qui ont en effet proposé à partir des années 30 ceux
qu'ils estimaient être leurs meilleurs terroirs. A la question, tous ces terroirs se valent ils, on doit clairement répondre non. Le potentiel des différents terroirs de Corton est très
clairement inférieur pour certaines parcelles par rapport à d'autres. Mais ce classement a parfois été un compromis entre les viticulteurs présents à l'époque dans le syndicat du village.
Beaucoup voulaient que leur parcelle soit reconnue elle aussi, alors...
Pour les premiers crus rouges, personnes ne contesterait l'ascension en grand cru du clos Saint Jacques à Gevrey, des Saint Georges à Nuits ou des Amoureuses à Chambolle. Certains crus ont
été oubliés: de petites parcelles de Gaudichots n'ont pas été déclarées, alors que celles ci constituent la large majorité de La Tache. C'est aussi le cas de la dents de chien à Chassagne qui a
presque intégralement été intégrée dans le Montrachet.
Un autre cas de figure existe: pour équilibrer le nombre de grands crus entre deux villages voisins mais néanmoins concurrents, un nombre identique de grands crus a été éxigé pour que le
projet ne soit pas annulé par vote contre. C'est le cas des blanchots batard montrachet qui n'ont pourtant jamais vu d'autre jour que l'appellation premier cru les blanchots (en parler à Ruddy).
Plus basiquement, certains premiers crus sont des parcelles particulièrement bien placées, même si personne ne songeraient à les faire changer de catégories. D'autres le sont moins..
Ce soir nus dégusterons pour notre cinquième anniversaire, cinq vins issus de quatre domaines: 2 légendaires Bruno Clair et d'Angerville. Ils nous donneront deux premiers de haute volée, un des
tous meilleurs de leur commune.
Le savigny la dominode est un vin de vignes centenaires. Bruno Clair sépare les autres vignes pour constituer un Savigny premier cru, tellement elles donnent un vin à part, puissant, minéral. Le
clos saint Jacques est un des vins de rêve en Bourgogne. Quelques ares domaines en font un qui transcende encore les limites (Bruno Clair, Rousseau et Sylvie Esmonin). Le clos des ducs est une
exposition parfaite à Volnay. Il associe équilibre, minéralité et élégance, la qualité qu'on recherche le plus dans cette commune, même si certaines parcelles sont surtout puissantes voire
austères (clos des chênes par exemple). Le domaine a été dirigé par un des pionniers de la mise en bouteille, connu pour sa grande honnêteté, le marquis d'Angerville.
Le domaine Faiveley faisait des vins de grande tradition, de longue garde nécessaire. Nous dégusterons leur Damodes, qui est un Nuits situé du côté Vosne romanée, pas loin de la Tache. Beau
patrimoine! Il ne se trouve pas loin du deuxième vin, en provenance du domaine de Régis Forey, connu seulement des happy few de cette zone. Il a été pendant longtemps l'accoucheur de la Romanée
et des reignots dont nous avons tant apprécié la verticale. Cette parcelle devrait être intégrée dans la Tache, tant mieux pour nous..
L'année 1996 est froide et de longue garde, de celle qui vous accompagnent toute une vie sans faiblir. Structure acide, avec un corps présent et du muscle. Les parfums viennent avec l'âge. Gare à
celui qui veut les boire trop tôt: fermeture, y a rien à voir! Nous devrions commencer à arriver au bon moment pour célébrer le début d'un beau règne...
Le résultat des courses, une dégustation appréciée.
- Le damodes était mauvais, sans le génie attendu du terroir.
- Le Savigny la dominode était absolument parfait avec des goûts prononcés de chocolat. La limitation en terme de finesse vient du terroir.
- Le clos des ducs était encore dans une phase acide et avait pour l'instant du mal à rivaliser avec les deux suivants.
- Les gaudichots montrait un terroir de grande classe avec une finesse et une longueur magnifique. Deux notes d'inquiétudes, cependant: un côté un peu asséchant en fin de bouche
et un élevage encore sensible.
- le clos saint jacques: un muscle élégant, qui a évoqué à certains d'entre nous la Turque. Une merveille qui a fait dire à certains que cela rentrait dans leur panthéon vinique.