750 grammes
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23 décembre 2007 7 23 /12 /décembre /2007 21:13
Je vous livre quelques histoires pêchées sur le blog de Jean Clavel, qui vous plairons j'en suis sûr, et peut être vous donnerons la vocation, sait on jamais ? En le lisant, vous n'oublierez probablement pas non plus l'éducation du goût de vos enfants vers la fin de l'adolescence :

Fils d'un Béninois breton et d'une Gabonaise, le Dr Jean-Christian Mayordome a ouvert un cabinet de généraliste à Piolenc, près d'Orange. Il a découvert le vin, à 30 ans, lorsque ses parents lui ont offert une bouteille d'un cru bourgeois du Haut-Médoc. Plus qu'une découverte, c'est un véritable coup de foudre. La tentation de devenir vigneron est un rêve qui devient vite réalité lorsqu'il apprend par la presse qu'un domaine est à vendre près de chez lui : 11,5 hectares en Gigondas, 14,5 hectares en Séguret et des chais à Sablet. Avec l'aide de sa famille, il paie cher ces vignes en état plutôt médiocre. Tout de suite, le médecin met sa passion au service de son ambition. Il s'entoure de 4 ouvriers dans les vignes, achète du matériel et s'écrit une religion selon laquelle les vins attendent 3 ans en cave avant d'être vendus, "par respect pour l'acheteur". L'an dernier, il a commencé à libérer les millésimes 1999 de son Gigondas Domaine du Pourra, des vins comme il les a imaginés.
Domaine du Pourra à Sablet,
tél : 04 90 46 93 59.

Paul Bassaget, la soixantaine, est aujourd'hui un médecin à la retraite. Pendant 5 ans, il a concilié son métier avec les fonctions de président de la cave coopérative de Vauvert dans le Gard. Aujourd'hui, il se satisfait du seul titre de président de la coopérative après avoir bien préparé son repli vers la vigne. Petit-fils de vignerons, tant du côté maternel que paternel, à 45 ans il a acheté sans se ruiner la ving-taine d'hectares de la Miravine à Vauvert, en costière de Nîmes. Dès l'origine, en 1986, il adhère à la cave coopérative, en devient administrateur en 1988 et président en 1993. Pendant 13 ans, il a mené une triple vie entre son cabinet, sa vigne et la coopéra-tive, avant que l'atavisme ne prenne le dessus. En 1998 il a sauté sur l'occasion qui se présente d'anticiper sa retraite. Depuis, c'est un autre Paul Bassaget qui taille ses vignes, "parce qu'on ne peut imaginer le bonheur qu'il y a à se retrouver seul, face au paysage des montagnes" observe-t-il. Et là, quand le viticulteur se fait vigneron, les rendements chutent à mesure que la qualité s'améliore. On rompt avec la tradition de tout-venant attaché au mouvement coopératif. Mieux, Paul Bassaget "a fait don de son vignoble à la coopérative", avec une cuvée Miravine composée à 80 % de ses raisins, le solde étant complété par les meilleurs de ceux qui limitent les rendements.
Cave des Vignerons de Vauvert,
tél : 04 66 88 20 31

Un jour, Dominique Florentin, médecin de Valence, a fini par avouer à ses patients pourquoi il a les mains d'un rouge violacé quasi indélébile à certains moments de l'année et a donné les raisons de ses absences répétées entre septembre et novembre. L'autre vie du Dr Florentin est cachée par les murs d'un clos de 5 hectares de vignes à Mauves, capitale du Saint-Joseph. C'est en 1956 que le père de Dominique, alors chef de service à Cochin, a acheté ce gros bout de vigne au pied des coteaux les plus pentus de France. Il y avait le vin, mais aussi un endroit de vacances pour ses enfants. Dominique Florentin a fait ses études de médecine à Paris, y a exercé quelque temps avant de venir s'établir entre Drôme et Ardèche. Héritier du domaine avec sa sœur en 1988, cet homéopathe soigne ses vignes comme il soigne ses patients : pas de traitement à la vigne autre que la bouillie bordelaise, pas de traitements systémiques non plus. "Parce que ces produits se retrouvent dans le raisin et que l'homéopathe que je suis est sensibilisé à l'effet des doses infinitésimales", dit-il pour expliquer ces principes du biologique sans en prononcer le mot. Mieux encore, après avoir mûri sous bois anciens, ses vins ne sont ni soufrés, ni filtrés avant la mise en bouteille. Dominique Florentin a participé au défrichage d'une partie de bois accrochés au coteau pour la rendre à la vigne. Il lui manquait un "vignoble de Cabri" pour participer pleinement au club des grands de la région.
Domaine Florentin à Mauves,
tél : 04 75 08 60 97.

Jean Lignières est tour à tour médecin et vigneron. Ou l'inverse. Et ce dédoublement de personnalité est héréditaire puisque son père, jusqu'à 50 ans, était médecin et vigneron en alternance. Avec les 90 hectares du château La Baronne, à Moux près Lézignan-Corbières, Jean Lignières a dû faire un choix. Le cardiologue qu'il était à Toulouse est devenu généraliste à Moux, en face des chais familiaux.
Lui qui a connu toutes les évolutions du vignoble a trouvé le moyen de concilier les urgences, entre celle d'une cuve qui monte exagérément en température et celle du patient qui vous appelle à 40 kilomètres de route de campagne, en plein dîner avec un aréopage de sommeliers lyonnais. Comme son père, Jean Lignières continue à se soucier de ce qui participe de la vie du village. À telle enseigne même, qu'à 43 ans, il envisage un mi-temps médical pour consacrer plus de temps à la vigne.
Château La Baronne à Fontcouverte,
tél : 04 68 43 90 20.

 

André-Joseph Marc a 80 ans aujourd'hui. Il était un généra-liste gynécologue-obstétricien à Béziers en 1950. Mais ce fils de facteur, Aveyronnais par son père et Tarnais par sa mère, avait l'obsession de la terre. Alors, en 1953 lorsque les 19 hectares du do-maine Beauséjour Saint-Esprit sont mis en vente, il vainc l'avis de sa femme qui aurait préféré une villa en bord de mer et les achète. Puis, c'est Beauséjour-Sainte Thérèse, à deux pas de là. Et puis d'autres vignobles encore dans les environs de Béziers, pour atteindre 52 hectares au total, plantés de chardonnay, de syrah, de carignan, de mourvèdre et de merlot. Avec un peu d'alicante comme cépage teinturier des autres. Quand il a raccroché sa blouse il y a 15 ans, c'était pour se consacrer à sa vigne, faire appel à un œnologue, mettre enfin en bouteilles un vin qui se vendait en vrac et le présenter dans les salons. Puis, il se lance dans la culture raisonnée et investit dans les hommes, les cépages et le matériel. Au domaine Beauséjour-Saint-Esprit, il a aménagé une cave. Il lui manque encore un caveau, nous a t-il dit en ajoutant : "Je me rajeunis en me projetant dans le futur". Ses 4 fils prendront la relève. Celui qui est dentiste à Saint-Malo reviendra près des vignes. C'est lui qui préside la société d'exploitation dont ses frères, le généraliste, le chirurgien et le notaire, sont partenaires.
Domaine Beauséjour-Saint-Esprit
à Béziers, tél : 04 67 28 33 07
ou 04 67 76 17 71.

 

Vu de l'extérieur, c'est un laboratoire d'analyses médicales, installé à l'ombre de l'église de Castillon-la-Bataille. Dans le bureau du propriétaire des lieux, Christian Dauriac, médecin et biologiste, les interrogations naissent avec des bouteilles juchées sur une étagère et un fax qui crache des commandes de vin. Son père était négociant en vins à Libourne. À sa disparition, sa mère prolonge l'œuvre patriar-cale en achetant le château Destieux, 13 hectares dont 8 de vignes Saint Emilion Grand Cru, à Saint-Hippolyte. À la deuxième génération, celle des héritiers, Christian et sa femme Anne-Marie, anatomo-pathologiste, se trouvent être plus amoureux du vin que d'une carrière hospitalière (biologiste au CHU de Bordeaux). Le compromis est donc trouvé avec les laboratoires de Castillon et de Libourne. Christian Dauriac préfère garder ses bouteilles pour ne les vendre qu'au bout de 4 ans. Il a ainsi fallu attendre le millésime mythique 2000 pour que la place de Bordeaux accède enfin à Destieux. Anne-Marie Dauriac partage cet amour pour le vin et a acheté le château La Clémence, à Pomerol en 1996, une propriété de 3 hectares que Robert Parker classe dans les rangs des "vins de garage", au grand dam des Dauriac. La gloire et les prix s'ensuivent tout naturellement. Les Dauriac ont un fils, en cinquième année de médecine. Christian Dauriac avoue que, lorsque son fils sera diplômé, il lui passera les clés du laboratoire.
Château Destieux à Saint-Hippolyte,
tél : 05 57 24 77 44.

 

À Lugasson, un village au cœur de la "petite suisse girondine", la famille Saric est ancrée là depuis 1545. Le grand-père fut médecin de campagne, son fils a émigré à Bordeaux pour y enseigner la médecine et Jean, 54 ans, son petit-fils, est chef d'un service de 70 lits en chirurgie digestive lourde au CHU de Bordeaux. Tour à tour, les 12 hectares de vignes du château Turon-La Croix les ont ramenés à Lugasson. D'abord parce qu'il y a une fidélité à la terre dans cette famille. Ensuite, comme Jean le résume avec l'humanisme consubstantiel du médecin : "II y a dans la transmission du savoir, un métier de compagnon. Et, quand on taille la vigne, il y a un geste qui ramène à l'acte chirurgical. Dans un cas, on prend en compte ce que donneront les bois de l'année suivante et, dans l'autre, ce que sera la vie du patient dans les années qu'il vivra". Jean Saric redevient vigneron quand il évoque son amour du cépage merlot, le quasi-abandon du vin blanc pour le rouge et quand il se fait contempteur des faux-modernes de la vinification pour ne jouer que la vérité du terroir. Et encore, quand il veut donner des gages de son amour de la terre, il abandonne son appartement bordelais et se livre aux navettes quotidiennes entre l'hôpital Saint André et Lugasson.
Château Turon-La Croix à Lugasson,
tél : 05 56 24 05 55.

Longtemps, Georges Mugneret s'est posé la question de savoir s'il était ophtalmologue à Dijon ou vigneron à Vosne-Romanée. De la même façon, Marie-Christine, l'une de ses deux filles, se souvient d'avoir été pharmacienne avant de reprendre cette propriété phare de la côte de Nuits, à la mort de son père en 1988. C'est ainsi que Mugneret-Gibourg est devenue une affaire de femmes, avec la mère dans le rôle de la banquière, une fille au chai et l'autre dans la vigne. Marie-Christine Mugneret, devenue Teillaud par son mariage, maintient la tradition de Mugneret-Gibourg. Tradition locale et héritage obligeant, la vigne est en métayage. Ce qui n'empêche pas les sœurs de veiller au grain tout en réservant l'essentiel de l'effort aux chais. Les rôles y sont désormais distribués et les fonctions séparées. Marie-Christine Teillaud-Mugneret est vigneronne à temps plein, mais injoignable le mercredi, jour qu'elle réserve à ses enfants. Domaine Mugneret Gribourg à Vosne-Romanée, tél : 03 80 61 01 57.

A l'origine du domaine David-Beaupère, il y a un père vigneron à Oran qui, en 1961 comme d'autres, a été prié d'aller planter sa vigne ailleurs. Et le père du Dr Jean-Paul David a choisi ce coin du Beaujolais. En bon fils de vigneron, Jean-Paul a appris les vinifications à l'adolescence. Pour le reste, la vigne n'a servi qu'à assurer ses études de médecine à Lyon, puis l'internat à Bordeaux. Quand il quitte le CHU de Bordeaux en 1987, c'est pour ouvrir un cabinet de diabétologue-nutritionniste et retourner dans son pays d'adoption, du côté de Mâcon. "J'ai cessé de faire du vin trop longtemps pendant ma période bordelaise", le ton est donné, et le médecin décide de payer son tribut à la vigne. Et il le fera sous deux facettes. En faisant le vin qu'il aime, loin des caricatures beaujolaises et en fondant "Vin, Santé, Plaisir de vivre" une association qui dépasse largement le cadre convenu de la thérapie par le vin. Le médecin voit en effet défiler trop d'obèses, de cirrhotiques et d'alcoolique dans son cabinet. Quand il rentre dans ce hameau de Juliénas, c'est pour y retrouver un vin qu'il aimerait voir sortir du carcan du Beaujolais "à boire et à pisser". Il a donc imaginé un Beaujolais qui ne sort de la propriété qu'après 3 ans de cave.
Domaine David-Beaupère à Juliénas, tél : 03 85 33 86 67.

 

Sa mère voulait qu'il soit ingénieur, comme papa. Robert Le Net a donc entamé des études d'ingénieur et décroché un diplôme en physique nucléaire. Assistant à la faculté de médecine, il travaille sur la pharmacocinétique et débute des études de médecine. Ce sexagénaire parle aujourd'hui de tout cela au milieu du château de Salettes, une bâ-tisse du xiiie siècle située à Cahuzac-sur-Vère dans le Tarn, achetée en ruine en 1994 et entièrement remontée pour en faire un hôtel 4 étoiles avec un restaurant. Ce lieu de méditation do-mine 23 hectares de vignes et quelques cépages rouges qui ont eu leur heure de gloire à la table de François 1er. Entre les deux, Robert Le Net s'est intéressé à l'esthétique, a ouvert 3 cliniques de médecine nucléaire, et est tombé dans la vigne à la faveur d'une rencontre, sa compagne d'aujourd'hui. Pour autant, la vigne n'était pas une découverte pour ce médecin, qui, en son temps, s'était associé à quelques confrères pour racheter le château Suduiraut en Sauternais, mais le groupe AXA a mis sur la table les millions manquant à la surenchère. Et c'est ainsi qu'il s'est retrouvé dans cette Toscane tarnaise.
Château de Salettes à Cahuzac-sur-Vère, tél : 05 63 33 60 60.

 

Nancéien d'origine, Alain Repolt est arrivé à Dijon par le hasard des mutations d'un père représentant de commerce. Il a fait ses études de médecine à Lyon et a rejoint sa première affectation à Beaune, dans un hôpital tout juste sorti de terre dans les années 70#. Malgré ce carrefour meurtrier, Beaune a son charme auquel il cède. Pour achever de le convaincre, il y a cet infirmier qui a un terrain à ven-dre, un bout de vignoble sur la montagne de Beaune, joliment dénommée les "Pierres Blondes", sur lequel on peut construire sans faire sourciller personne. L'architecte imagine une maison plantée sur une mer de gazon. Alain Repolt corrige les plans et conserve la vingtaine d'ares de vignes. Et voilà comment ce qui était conçu pour être un garage devient un chai. Pour réussir les vinifications, il se contente d'un bouquin sur l'hygiène vinicole et des conseils d'amis parmi lesquels figure André Porcheret qui règne à l'époque sur les chais des Hospices de Beaune. Les patients viennent apprendre à tailler la vigne et il se prend au jeu. Il ajoute à sa propriété deux ouvrées de Beaune-Chouacheux, puis un petit bout de Chassagne-Montrachet-Morgeots. À sa retraite en 1994, ce médecin a liquidé ses vignes,  sauf celles qui cernent sa maison. Le vigneron qu'il est resté continue de tailler et de vendanger pour sortir quelques bouteilles d'un vin qui ne peut plus être que "de pays" et destiné à ses seuls copains.
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